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Las Demás : Chaos, confidences et complicité
Juliette BD
Ça vous dit, une soirée pyjama ? Imaginez un instant : vous êtes avec vos meilleures copines, l’ambiance est un peu chaotique, les éclats de rire fusent, et les conversations mélangent potins et réflexions plus profondes. C’est exactement l’ambiance que Las Demás, réalisé par Alexandra Hyland, réussit à capturer. Ce film chilien est une plongée rose bonbon dans les vies tourmentées de Rafa et Gabi. Dialogues crus et situations parfois absurdes nous plongent dans une histoire d’amitié, de chaos, et de décisions compliquées. Préparez-vous à une montagne russe d’émotions !
Une immersion dans le chaos assumé
Dès les premières minutes, Las Demás pose son décor : des appartements désordonnés, des rues animées, et des personnages qui semblent jongler maladroitement entre responsabilités et désirs d’évasion. Rafa (Nicole Sazo), notre héroïne au caractère explosif, est au centre de tout ce bazar. Elle est accompagnée de Gabi (Alicia Luz Rodriguez), sa meilleure amie aux cheveux rose bonbon, au caractère plus posé mais tout aussi dévouée. Leur mission ? Récolter l’argent nécessaire pour l’avortement de Rafa, dans une société où ce sujet reste délicat.
Ce chaos visuel et narratif est à la fois charmant et déroutant. Les décors et costumes saturés de rose reflètent parfaitement l’univers d’une jeunesse en quête de sens, oscillant entre frivolité et sérieux.
Une amitié électrique et vraie
Ce qui fait battre le cœur de Las Demás, c’est sans aucun doute la relation entre Rafa et Gabi. Leur amitié est aussi réaliste qu’elle est imparfaite. Rafa, souvent insupportable dans sa manière de tout dramatiser, trouve toujours en Gabi un soutien indéfectible. Mais attention, on n’est pas dans un conte de fées : Gabi aussi a ses limites, et leur relation passe par des hauts et des bas qui rappellent les vraies amitiés – celles où l’on se dispute autant que l'on se soutient.
On ne peut s’empêcher de penser à des duos iconiques du cinéma, comme Lady Bird et Julie dans Lady Bird ou encore Cher et Dionne dans Clueless. Mais là où Las Demás se distingue, c’est par son ton brut et son absence de glamourisation. Les disputes ne sont pas magnifiées, elles sont crues, parfois mesquines, mais toujours honnêtes. On se reconnaît dans ces dialogues où l’amour et l’agacement se mêlent, où la solidarité féminine finit toujours par triompher, même après des moments d’exaspération.
L’esthétique saturée et assumée
Visuellement, le film est est un feu d’artifice de couleurs et de décors, quelque part entre une ambiance Barbie-core et un clip de Charli XCX. Mais ne vous méprenez pas : sous ces tons pop et éclatants se cachent des réalités bien plus sombres. Les choix esthétiques ne sont pas là pour camoufler le sérieux des thèmes abordés, mais pour souligner cette dualité propre à la jeunesse. On jongle entre l’insouciance et le poids des responsabilités, et cette tension se reflète dans chaque détail visuel. Les scènes se succèdent comme une conversation SMS, alternant entre chaos et tendresse. Ce maximalisme des décors et des personnages souligne une grande force du film : il est généreux.
Et même si certains choix peuvent sembler maladroits (la scène où Rafa pète un câble dans la rue est un peu exagérée), ils participent à son identité unique. Un parallèle naturel peut être fait avec des œuvres comme Barbie de Greta Gerwig, qui utilisent une esthétique hyper-stylisée pour explorer des thèmes profonds. Mais là où Barbie propose une réflexion plus métaphorique, Las Demás reste ancré dans le concret, avec des décors qui sentent le vécu et des dialogues qui s’immiscent dans l’intimité de conversations entre copines.
Le contraste entre enfance et vie adulte
Un des points forts du film est sa manière subtile mais efficace d’explorer le passage à l’âge adulte. Une scène emblématique ? Celle de la fête pour enfants où Rafa et Gabi, déguisées en fées pour un job, parlent de sexe tout en divertissant les bambins. Rafa flirte avec un papa, rappelant qu’elle est coincée entre ses instincts enfantins et ses décisions d’adulte, dans une tentative maladroite de retrouver un semblant de contrôle sur sa vie. Cette juxtaposition résonne avec une génération Z souvent tiraillée entre les injonctions à réussir, la peur de grandir et l’envie de tout lâcher pour profiter de l’instant.
Ces moments rappellent aussi les films de Sofia Coppola, comme The Virgin Suicides, où le passage à l’âge adulte y est exploré avec une douceur et une cruauté mêlées. Mais Las Demás y ajoute une touche de modernité, à travers des dialogues crus et un humour décomplexé.
Réalisme et maladresses
Le film n’idéalise rien. Rafa est loin d’être une héroïne classique : elle est insupportable, irresponsable et parfois même carrément méchante. Mais c’est cette honnêteté qui fait mouche. Les dialogues crus, les mesquineries et les mauvais choix de Rafa montrent une jeune femme loin des stéréotypes. Certes, il y a des maladresses, comme certains plans ou choix de musique qui laissent à désirer, mais cela ajoute une touche d’authenticité.
Le film joue également avec les codes du cinéma chilien contemporain. Contrairement à des œuvres plus austères comme Una Mujer Fantástica de Sebastián Lelio, Las Demás choisit la légèreté et l’humour pour aborder des sujets graves. Cette approche rafraîchissante ancre le film dans une culture en pleine mutation, où la jeunesse revendique de plus en plus son droit à l’erreur.
Les filles les plus belles, les garçons à la poubelle
L’une des forces narratives de Las Demás réside dans sa manière de présenter les personnages masculins. Ils ne sont pas absents, mais leur rôle est clair : ils sont là pour incarner l’arrogance, l’indifférence, et l’égoïsme patriarcal face aux réalités féminines. Prenez le père du fœtus, par exemple : il n’est pas disposé à contribuer financièrement ou émotionnellement, il se dérobe à ses responsabilités tout en osant donner des leçons de morale à Rafa. Ce contraste entre son irresponsabilité et son arrogance est à la fois frustrant et révélateur d’un phénomène plus général.
Cette représentation des comportements masculins met en lumière une société toujours très patriarcale, où les hommes, bien que rarement présents dans le récit, incarnent des figures d'arrogance. Leur comportement reflète une attitude où ils se sentent autorisés à décider pour les femmes tout en ignorant leurs besoins ou leurs émotions. Le film joue ainsi sur le contraste entre la légèreté des protagonistes féminines et la médiocrité des rôles masculins.
Ce rejet des clichés et des attentes envers les hommes s'inscrit dans une dynamique générationnelle plus large, encore une fois déjà perceptible dans Barbie de Greta Gerwig, où les hommes sont “juste Ken”.
Un film ancré dans son époque
Alexandra Hyland ancre son récit dans un contexte culturel et politique particulier. L’avortement, bien que partiellement légalisé en 2017, reste un sujet tabou dans de nombreuses régions du pays. Le film ne se contente pas d’évoquer cette réalité : il la confronte avec un mélange de légèreté et de profondeur, permettant aux spectateurs de réfléchir sans pour autant être accablés.
Cette approche contraste avec des films chiliens plus lourds, offrant une perspective rafraîchissante sur la jeunesse du pays. En cela, Las Demás réussit à dépasser les frontières et à parler à un public universel, tout en restant profondément enraciné dans sa culture. Il s’inscrit ainsi dans une tradition féministe naissante à l’échelle internationale, où des œuvres comme Never Rarely Sometimes Always de Eliza Hittman abordent des thèmes similaires avec des regards différents.
Une conclusion douce-amère
Las Demás est un film doudou, un cocon girly qui n’hésite pas à confronter ses spectateurs et spectatrices à des réalités parfois dures. Il n’est pas un film parfait, mais c’est précisément ce qui le rend si attachant. Ses maladresses, ses moments de chaos, et son honnêteté brutale en font une œuvre unique qui résonne avec la jeunesse actuelle. La scène finale : une vidéo de tortues s’accouplant, nous rappelle que, malgré tout, la vie continue. C’est une touche d’humour absurde qui clôt un film où le trivial et l’essentiel coexistent en permanence.
Alors, si vous cherchez une œuvre qui vous fera rire, réfléchir, et peut-être même pleurer (juste un peu), ne passez pas à côté de Las Demás. Que vous soyez une Rafa ou une Gabi, ce film vous parlera. C’est une lettre d’amour à toutes les filles qui jonglent entre rêves, responsabilités et décisions impossibles. Comme la vie, le film est un joyeux bazar qu’on a envie de partager avec celles qui comptent vraiment.