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Enfants sans attendre ?
Valentin Bonhomme
Un petit appartement encombré de livres, au sein d’une grande ville espagnole. Un couple quadragénaire, sans enfant, en plein doute. Une lumière naturelle, des plans fixes. Des dialogues entrecoupés de longs silences. Si ce n’est la langue, on pourrait croire un film de Jonás Trueba.
Pourtant voici le troisième film de Liliana Torres, réalisatrice catalane qui utilise son vécu personnel pour raconter le quotidien dans sa plus grande simplicité. Pas de sensationnalisme ni d'effets de mise en scène trop appuyés, Torres préfère le réalisme et les narrations épurées.
Dans Mamífera, elle poursuit son exploration des choix de vie et des dilemmes existentiels à travers le portrait de Lola et Bruno : un couple stable, heureux et uni, confronté à une question en apparence simple : veulent-ils des enfants ? La réponse paraît toute trouvée dès les premières minutes du film : non, ils n'en veulent pas. Pourtant, les injonctions sociales et les lois de la biologie vont les forcer à remettre en question leur choix.
Petit à petit, une fissure s’installe dans ce couple en apparence solide. Lola et Bruno s’aiment, mais est-ce suffisant pour rester unis ? Alors que Bruno semble accepter leur décision commune, Lola, elle, vacille. Est-ce réellement son choix, ou sa manière de s'opposer aux attentes imposées aux femmes ? La maternité devient une question qui la dépasse, une échelle avec laquelle se mesurer.
Torres capte cette évolution avec une grande subtilité. Ni cris, ni coups d'éclats, mais des regards évités, des non-dits, des silences qui parlent autant que des mots. Alors que la question de l’enfant s’impose, l'écart dans le couple se creuse, et la solitude de Lola grandit.
Le film interroge alors une nouvelle idée du couple : peut-on s'aimer sans projet d'avenir en commun ? La parentalité est-elle un passage nécessaire pour prouver son engagement ? La crise que Lola et Bruno traversent est loin des représentations habituelles du cinéma, pas de trahison, de mensonges, de frustrations. Leur couple fonctionne toujours, mais une force externe vient s'immiscer entre elleux. Il et elle sont confronté·es à un système traditionaliste des relations qui les poussent à reconsidérer leur choix.
Tout comme Jonas Trueba, dans le film Septembre sans attendre, Torres questionne la place de l'individu au sein du couple. Alors que le premier célèbre la séparation comme une démonstration de liberté individuelle, la seconde questionne la place sociale et les injonctions qui pèsent sur chaque membre du couple. À travers leurs personnages qui cherchent à s'éloigner du schéma attendu (mariage, enfants, famille), Torres et Trueba capturent, à leur manière, le besoin de créer de nouveaux repères amoureux.